Commençons par là…

Manifeste pour Bachir et ses livres

Pour que les mots aient toujours un abri, même sous les arcades.

Parce qu’il est des présences discrètes qui éclairent une rue, une ville, une époque. Parce que certaines personnes, à leur manière, créent du lien, de la mémoire, et du sens. Parce qu’offrir un livre n’est pas un délit. Parce que vivre à la rue n’efface ni la dignité, ni l’humanité, ni la culture.

Nous, signataires de ce manifeste, souhaitons affirmer notre soutien plein et entier à Bachir, bouquiniste de fortune mais poète de cœur, installé sous les arcades de la place des Vosges.

Un passeur de livres, un tisseur de liens

Bachir ne vend pas. Il partage. Il propose à celles et ceux qui passent des livres contre un sourire, un mot, ou ce que l’on peut donner. Sa présence n’est ni intrusive, ni commerciale : elle relève d’un acte de transmission et de résistance culturelle.
Son “étal” improvisé est un lieu de rencontre, un refuge pour les mots et pour les gens, un appel à ralentir, à parler, à se souvenir. Les enfants s’y arrêtent, les promeneurs s’émeuvent, les habitués échangent. Même Jack Lang y vient, et le soutient.

Une situation injuste et déshumanisante

Bachir est sans domicile fixe. Il n’a pas pignon sur rue : il est là, sous le porche sud de la place des Vosges, un coin d’ombre protégé des intempéries, et des cartons de livres. Cela suffit-il à justifier des demandes d’éviction sans concertation, la mise à la benne de ses affaires, comme cela a encore été le cas le 14 juillet dernier, jour symbolique s’il en est ? Et cela devrait recommencer, ce vendredi 18 juillet.
Ce traitement est indigne. Nous refusons que l’action publique se limite à la répression. D’autant plus que rien ne bouge sous le porche nord de la place… Deux poids, deux mesures ? Nous croyons que l’économie circulaire, l’insertion par l’activité culturelle, la solidarité concrète sont des chemins bien plus féconds pour une ville à la hauteur de ses valeurs républicaines.

Une autre voie est possible

Nous demandons :
– Que Bachir puisse s’installer de façon pérenne à l’endroit où il est aujourd’hui, dans un cadre sécurisé et reconnu ;
– Que son activité soit reconnue comme initiative d’insertion culturelle et sociale, à l’image d’autres ressourceries ou chantiers d’insertion ;
– Que les autorités locales, les associations comme l’ALCIP (Association de Lutte Contre l’Isolement et la Précarité), Entourage Île-de-France, les riverains et les soutiens publics travaillent ensemble à une solution humaine et durable.

À vous la parole

Ce manifeste est un point de départ. Exprimez-vous. Soutenez, proposez, questionnez, critiquez si besoin, mais faites entendre votre voix. Parce que nous ne voulons pas d’une ville où l’on rase les mots, où l’on jette les histoires aux ordures.

Nous voulons une ville habitée, par ses livres comme par ses habitants.

Signer ce manifeste, c’est défendre une idée simple : que la culture appartient à tout le monde, et que personne ne devrait être privé du droit de transmettre ou de rêver, même — et surtout — sans toit.

Merci pour lui. Merci pour nous.


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